L’hégémonie du capital financier et sa critique
T. Thomas
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INTRODUCTION :
La mondialisation et la financiarisation de l’économie sont les deux mamelles qui nourrissent les diatribes antilibérales de nombreux universitaires, soucieux tant d’afficher «l’esprit critique» qui sied à leur statut d’intellectuel que de conseiller les princes sur la façon de rendre le système capitaliste «soutenable», pour employer un mot à la mode .
La «financiarisation» ! Le terme est censé exprimer l’idée que le capitalisme moderne serait en crise pour être passé des mains des entrepreneurs à celles des financiers qui, non seulement «s’enrichissent en dormant», mais mènent le monde à la catastrophe par leurs comportements irrationnels. Ils feraient de l’économie mondiale un vaste casino, où se joueraient, comme à la roulette, des masses énormes de capitaux, qui seraient ainsi gâchés au lieu de servir à développer la production et les emplois. Le problème serait, pour nos esprits critiques, que, du fait de la mondialisation de la production et des échanges, les Etats ne pourraient plus contrôler les mouvements des capitaux et limiter la spéculation (comme s’ils l’avaient jamais fait !). Le diagnostic des crises boursières et monétaires (qui peuvent effectivement frapper par leur violence, mais pas par leur nouveauté), serait ainsi posé : le pouvoir politique ne contrôle plus le pouvoir économique, l’Etat n’impose plus l’intérêt général en face des intérêts particuliers, ni la rationalité des experts et de leurs vues à long terme contre l’irrationalité et les vues à court terme des «marchés». Le remède en découlerait donc d’évidence : renforcer le pouvoir des Etats pour qu’ils puissent combattre la spéculation, taxer les gains financiers «exagérés», et orienter l’argent vers les investissements productifs créateurs d’emplois. Ainsi nos idéologues voudraient que l’argent serve aux hommes à maîtriser leurs activités, alors, nous le rappellerons, qu’il n’existe que parce qu’il ne les maîtrisent pas. Ce qui est la manifestation même de cette impuissance ne peut pas servir à la combattre.