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La transition au communisme.

 

T. Thomas

 

- l'ouvrage présenté ici comporte 120 pages et vous sera adressésur simple demande en format zip compressé -

 

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INTRODUCTION

 

La situation du monde contemporain illustre parfaitement la justesse des analyses de

K. Marx. Il y a plus de cent ans déjà son œuvre expliquait l’essentiel de ce qui se passe aujourd’hui : mondialisation, développement inouï du capitalisme financier et de ses crises, putréfaction généralisée du système, chômage, guerres, accroissement des inégalités entre pays et entre classes, etc. C’est là une preuve de l’extraordinaire génie de Marx. Mais au moment même où son analyse du capital et de ses contradictions s’avère ainsi attestée par les faits, ses prévisions concernant la révolution prolétarienne et l’avenir communiste semblent avoir été et être battues définitivement en brèche.

 

En quoi et pourquoi les révolutions passées ont-elles été un échec n’est pas la question que nous examinerons ici . Que les agents intellectuels de la bourgeoisie en profitent, ravis, pour décréter la mort du communisme, c’est de bonne guerre. Mais cet avis de décès fait sourire, puisqu’il concerne, en parlant de communisme, soit un mouvement, qui est induit inéluctablement par le capitalisme et ne peut disparaître qu’avec lui, soit le principe d’une communauté des individus sociaux qui n’a encore jamais existé. Il ne s’est en effet jamais agi nulle part de société communiste, ne serait-ce que pour ces deux raisons, parmi beaucoup d’autres, qu’elle ne peut advenir qu’à une échelle internationale et ne caractériser qu’une société sans Etat coercitif. Au mieux, il ne pouvait s’agir que de révolutions ouvrant une phase historique de transition au communisme. Une révolution prolétarienne ne peut, hier comme aujourd’hui, qu’ouvrir une telle transition, puisque jamais le capitalisme ne peut créer toutes les conditions concrètes du communisme (il fait même tout ce qu’il peut pour ne pas commettre ce suicide), mais seulement en approcher. Non seulement le prolétariat, quand il prend le pouvoir, et contrairement à la bourgeoisie quand elle a vaincu la monarchie, n’a encore conquis aucune domination sur la production et ses moyens, base de celle et ceux de la vie, mais plus encore il doit les bouleverser. A la grande différence de toutes les révolutions précédentes son mouvement ne consiste pas à abolir seulement certaines «conditions particulières de la société passée », par exemple la répartition du pouvoir, de la propriété, des revenus, mais «la production de la vie » antérieure elle-même, «l’ensemble de l’activité qui en est le fondement » , donc le travail, ce dont il sera beaucoup question dans ce livre. Ces transformations ne sont évidemment pas immédiates : d’où la nécessité d’une phase de transition.

 

Pour assurer cette transition une révolution politique prolétarienne doit comprendre quelles sont les conditions à réunir pour éradiquer complètement le capitalisme et fonder le communisme. Il lui faut donc identifier son point de départ, qui est spécifique à la situation historique de chaque révolution, mais aussi avoir une idée du point d’arrivée. Et il lui faut encore faire le point à chaque pas, afin, en sachant où elle en est, de pouvoir ainsi se fixer les tâches adéquates (par exemple ne pas croire en avoir fini avec les rapports sociaux de séparation qui fondent le capital parce qu’on aurait décrété l’abolition de la propriété privée, des classes, voir même de l’Etat, et confondu un volontarisme politique avec la réalité des rapports entre les hommes dans leurs activités).

 

L’objet de cet ouvrage est de faire un examen critique de la question de la transition telle que l’a exposée K. Marx dans quelques textes célèbres, mais relativement peu nombreux, en tant que période nécessaire pour achever de réunir les conditions de la réalisation du communisme, ce qui amène évidemment à devoir aussi discuter de ces conditions. Il ne traite donc pas des formes du pouvoir politique pendant cette période, autrement dit du problème des formes de l’Etat de dictature du prolétariat. Nous verrons que ces textes ouvrent autant de perspectives fascinantes de perspicacité qu’ils posent de problèmes pas ou mal résolus ; qu’ils mettent à jour la nécessité et les tâches essentielles d’une transition, tout en se trompant sur certaines de ses caractéristiques. Bref, nous verrons que Marx hésite quelque peu sur cette question, voire semble suggérer deux schémas différents dont nous examinerons la cohérence.

 

La réticence de Marx à parler de l’avenir par crainte de tomber dans l’utopie est bien connue. Elle s’explique, peut-être, par la situation de la lutte politique de son temps, où le mouvement ouvrier, en plein essor, était vigoureux et bouillonnant d’énergies révolutionnaires, mais aussi, dans ses fractions les plus avancées politiquement, très influencé par des utopies communistes, établies par des doctrinaires inventant, qui des Phalanstères (Fourier), qui des Icaries (Cabet), qui une Banque du Peuple (Proudhon), qui des Coopératives (Owen), et mille autres plans de sociétés fraternelles et égalitaires idéales, sortis de cerveaux plus ou moins illuminés.

 

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