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L’hégémonie du capital financier et sa critique
T. Thomas

- l'ouvrage présenté ici comporte 95 pages et vous sera adressé sur simple demande en format zip compressé -

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INTRODUCTION :

La mondialisation et la financiarisation de l’économie sont les deux mamelles qui nourrissent les diatribes antilibérales de nombreux universitaires, soucieux tant d’afficher «l’esprit critique» qui sied à leur statut d’intellectuel que de conseiller les princes sur la façon de rendre le système capitaliste «soutenable», pour employer un mot à la mode .

La «financiarisation» ! Le terme est censé exprimer l’idée que le capitalisme moderne serait en crise pour être passé des mains des entrepreneurs à celles des financiers qui, non seulement «s’enrichissent en dormant», mais mènent le monde à la catastrophe par leurs comportements irrationnels. Ils feraient de l’économie mondiale un vaste casino, où se joueraient, comme à la roulette, des masses énormes de capitaux, qui seraient ainsi gâchés au lieu de servir à développer la production et les emplois. Le problème serait, pour nos esprits critiques, que, du fait de la mondialisation de la production et des échanges, les Etats ne pourraient plus contrôler les mouvements des capitaux et limiter la spéculation (comme s’ils l’avaient jamais fait !). Le diagnostic des crises boursières et monétaires (qui peuvent effectivement frapper par leur violence, mais pas par leur nouveauté), serait ainsi posé : le pouvoir politique ne contrôle plus le pouvoir économique, l’Etat n’impose plus l’intérêt général en face des intérêts particuliers, ni la rationalité des experts et de leurs vues à long terme contre l’irrationalité et les vues à court terme des «marchés». Le remède en découlerait donc d’évidence : renforcer le pouvoir des Etats pour qu’ils puissent combattre la spéculation, taxer les gains financiers «exagérés», et orienter l’argent vers les investissements productifs créateurs d’emplois. Ainsi nos idéologues voudraient que l’argent serve aux hommes à maîtriser leurs activités, alors, nous le rappellerons, qu’il n’existe que parce qu’il ne les maîtrisent pas. Ce qui est la manifestation même de cette impuissance ne peut pas servir à la combattre.

Non seulement ces phénomènes, mondialisation et financiarisation, n’ont rien d’autre de nouveau que leur ampleur, mais surtout ils n’expliquent rien : ils sont à expliquer. Cela est assez simple en ce qui concerne la mondialisation, mais plus ardu pour la financiarisation. Car alors on rentre dans le domaine exubérant et confus de la circulation des monnaies, de l’argent, des capitaux. Cette jungle est un monde renversé, où, à la surface, les rapports entre ces choses dominent les rapports entre les hommes. Ces choses, qui sont les formes que revêtent les produits de leurs travaux, se résument finalement dans l’argent (monnaie, capital, intérêt, profit etc.). Il devient ainsi le Grand Fétiche, une force mystérieuse qui semblent vivre une vie indépendante et décider de la pluie et du beau temps du monde capitaliste.

D’où vient cette indépendance ? D’où vient que l’argent impose sa loi ? Voilà ce qu’il faudrait élucider avant d’affirmer que l’Etat peut le contrôler, qu’il ne doit plus être roi, que les rentiers sont des vampires. Mais voilà justement ce que se gardent bien de faire les apologistes du «bon capital», un capital qui serait dominé par l’Etat démocratique afin qu’il serve le bien commun.

Pourquoi ce contenu-ci (le travail humain) prend cette forme-là (l’argent), et pourquoi cette forme s’autonomise, s’enfle en «bulles» énormes qui éclatent en krachs boursiers et monétaires qui entraînent des destructions matérielles et humaines d’une violence inouïe, telle sont les questions auxquelles nous allons tenter de donner une réponse ici.