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Le détour irlandais.
T. Thomas

- l'ouvrage présenté ici comporte 65 pages et vous sera adressésur simple demande en format zip compressé -

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SOMMAIRE



INTRODUCTION


CHAPITRE I LA THEORIE DES FORCES PRODUCTIVES
I-1 L'ESSENCE DE LA THEORIE DES FORCES PRODUCTIVES
I-2 A PROPOS DE LA PROPRIETE
I-3 CATEGORIES ECONOMIQUES ET RAPPORTS SOCIAUX
I-3-1 La forme indépendante du contenu
I-3-2 Le plan et la disparition des rapports marchands


CHAPITRE II UN CAPITALISME SPECIFIQUE :
LE CAPITALISME ETATIQUE
II-1 ÉTATISATION ET ACCUMULATION
II-2 LE PLAN ET LES CRISES


CHAPITRE III L'ETAT DE DICTATURE DU PROLETARIAT
III-1 LA REVOLUTION : LA PRISE DU POUVOIR
DANS LA SUPERSTRUCTURE
III-2 LA SUPERSTRUCTURE, ENJEU DE LA LUTTE
DE CLASSE
III-3 LENINE ET LA LUTTE POUR L'ETAT SOCIALISTE
III-3-1 L'État socialiste et le prolétariat
III-3-2 La voie ouverte par Lénine et ses limites
III-4 LES ERREURS DE STALINE SUR LA QUESTION
DE L'ETAT


CHAPITRE IV LA LUTTE CONTRE LA DEGENERESCENCE :
LA REVOLUTION CULTURELLE
IV-1 LE GRAND BOND EN AVANT :
UNE REPETITION GENERALE
IV-1-1 L'homme ou la technique
IV-1-2 Les Communes Populaires


IV-2 LA GRCP
IV-2-1 Bref rappel de l'histoire de la GRCP
IV-2-2 Les limites de la GRCP
IV-2-2-1 Les causes objectives
IV-2-2-2 Les lacunes théoriques
IV-2-2-3 La portée d'un échec


CHAPITRE V SUR LA TRANSITION DANS LES PAYS ARRIERES
V-1 A PROPOS DE LA ROBINSONNADE
V-2 TRANSITION ET MEDIATION
V-3 UNE REVOLUTION IMPOSSIBLE?


CONCLUSION LES REVOLUTIONS DU XXEME SIECLE OU
LE DETOUR IRLANDAIS


INTRODUCTION

« Il n’y a pas de meilleur chemin pour conduire à une clarté théorique de compréhension que de s’instruire de ses propres erreurs. »





Nous sommes de cette génération venue au marxisme révolutionnaire dans les années soixante, en opposition aux reniements des partis de «gauche», PS et PCF, ainsi qu'au stalinisme. Ce sont Mao et les communistes chinois qui nous avaient ouvert cette voie en brisant les premiers l'hégémonie «révisionniste» sur le mouvement révolutionnaire sans pour autant rompre avec lui complètement, comme nous le verrons dans ce livre.
Pour tous ceux que l'appui actif des Guy Mollet et autres François Mitterrand à l'Algérie Française, que le refus craintif du PCF à soutenir vraiment - autrement que du bout des lèvres - les FLN, vietnamiens ou algériens, avaient déjà éloigné de ces partis, la rupture sino-soviétique des années 60 a retenti comme un coup de clairon appelant à renouer avec la lutte de classe. Il émanait de communistes éprouvés et prestigieux qui, forts de dizaines d'années d'expériences, rappelaient ces évidences élémentaires mais bien enfouies, que la lutte armée contre le colonialisme et l'impérialisme était une composante fondamentale de l'activité révolutionnaire, que la «coexistence pacifique»URSS-USA était une entente sur le dos des peuples pour le partage du monde entre les deux super-puissances, tout aussi impérialiste l'une que l'autre, que la dictature du prolétariat restait une pierre de touche démarquant les révolutionnaires de l'hypocrisie réformiste. Bref, qu'on, « qu’on a raison de se révolter », « d’oser lutter ».
Dans la foulée, la GRCP soulevait l'immense espoir d'un peuple poursuivant la révolution dans la révolution pour prendre lui-même ses affaires en main et ainsi avancer vers le communisme.
Dès cette époque, nous qualifions l'URSS de «tigre de papier» et de pays construisant une société capitaliste (ce que montrent les événements actuels), alors que les idéologues occidentaux en étaient effrayés, courtisaient Khrouchtchev et Cie., et combattaient, avec l'aide du PCF, les «gauchistes» de 68 et après, qui, eux, s'opposaient à ce compromis.
C'est qu'évidemment la bourgeoisie française ne s'opposait à la russe que sur le terrain des rivalités impérialistes, cherchant surtout à affaiblir un concurrent, tandis que les «gauchistes» tentaient de construire une alternative révolutionnaire pour le mouvement ouvrier. Ce qui les amenait, fort justement, à mettre dans le même sac PCF et bourgeoisie, comme partageant les mêmes valeurs essentielles : nationalisme, développement de la production à la mode capitaliste (c'est-à-dire fondé sur les grandes séparations dans les rapports sociaux ), mépris et aliénation des masses, pouvoir dictatorial des dirigeants et «experts» (la seule divergence portant sur qui devaient être ces dirigeants :: les bureaucrates du PCF, via l'étatisation accrue, ou ceux en place du pseudo « libéralisme »).
Nous avons dit4 que ces « gauchistes » étaient loin d'être suffisamment armés sur le plan théorique pour pouvoir espérer reconstruire cette alternative révolutionnaire et ne pas dégénérer en sectes…. ce qu'ils firent.

A l'Est comme à l'Ouest, les révisionnistes ne purent empêcher les choses d'aller leur cours. S'agissant partout de régimes capitalistes, ils pratiquaient tous les mêmes méthodes coercitives pour extorquer la plus-value, et, de ce point de vue, le modèle occidental est plus favorable à partir d'un certain stade de développement. Et tant qu'à faire, tant qu'à être dans le capitalisme, autant choisir celui dont la forme paraît assurer le meilleur niveau de vie : les masses ont donc voté, à l'Est, pour le mark et le dollar, en imaginant, qu'en plus, leur serait données la démocratie et la liberté.
Il va de soi que les idéologues se sont empressés de saluer l'effondrement par implosion des régimes de l'Est comme étant l'échec définitif du communisme. C'est de bonne guerre. Et pour faire bonne mesure, ils ajoutent l'échec du marxisme. Pourtant, nous le verrons, seuls les outils d'analyse marxistes permettent de rendre compte de la crise économique qui a nourri la crise politique de ces régimes.
C'est donc ce que nous allons faire, puisqu'il faut balayer devant notre porte et que personne d'autre que nous-mêmes ne nous instruira des erreurs commises par notre mouvement passé.

Nous examinerons d'abord le développement du capitalisme d'état sous Staline. Rapidement, car cela a déjà fait l'objet d'analyses assez fouillées dans les années 70-80 . Il est pourtant nécessaire de partir de la révolution soviétique pour comprendre en quoi la GRCP a réussi, ou pas, à la critiquer et la dépasser. Et aussi parce que ces deux grandes révolutions s'avèrent caractéristiques d'une époque où le problème du socialisme a été posé dans des pays économiquement arriérés et massivement paysans : d'où la recherche qui y a été faite d'une transition spécifique que Karl Marx n'avait pas prévue. Tout le mouvement révolutionnaire vivant du vingtième siècle est marqué par ce problème. C'est donc sur ce point que nous devrons conclure avant de « laisser les morts enterrer leurs morts »et de pouvoir à nouveau nous tourner vers l'avenir : celui des révolutions prolétariennes dans les pays capitalistes, qu'annonce la généralisation de ce mode de production au monde entier.